Se souvenir… des objets

Tout au long de l’année, j’ai accumulé, sur une étagère, des objets de toute sorte – souvent des papiers – en lien avec des voyages que j’ai faits ou des gens que j’ai rencontrés. Au moment de faire mes valises, je ne peux pas m’empêcher de les réexaminer un par un et de me souvenir des histoires qui y sont rattachées.

1. Mon cahier d’exercice des kanji. Le premier semestre, je passais en moyenne une heure par jour à en apprendre avec la méthode de Heisig. J’ai quelque peu ralenti au second semestre, mais des pages et des pages noirices de gribouillis me rappellent encore mes efforts dans ce domaine, accompagnés parfois par la musique provenant de mon ordinateur et parfois par le ronflement du chauffage.

2. Un guide à l’attention des étrangers distribué par le district de Shinjuku à tous les nouveaux résidents étrangers. On y enseigne, avec une candeur parfois déconcertante, des mœurs japonaises comme « trier ses déchets », « respecter les personnes âgées » ou « ne pas faire trop de bruit le soir ».

3. Deux fascicules du Tokyo Game Show 2009.

4. Un éventail offert avec le ticket de sumo.

5. La brochure de présentation du Swiss+Symposium.

6. Le fascicule de la Tour de Tokyo. J’y suis monté trois fois durant cette année (avec d’autres élèves en échange, avec mes parents et avec mes amis venus de Suisse), soit trois fois de plus qu’un Tokyoïte moyen dans sa vie.

7. Une prédiction faite au temple d’Asakusa.

8. Une carte de la région du mont Mitake.

9. Le fascicule de la plate-forme d’observation au sommet de la Mori Tower, à Roppongi Hills.

10. Quatre cahiers pour les quatre voyages organisés auxquels j’ai participé: Shirakawa, Hokkaido, Okinawa et Nagano. Très bien faits, ils contiennent non seulement le programme complet mais aussi les noms de tous les participants.

11. Le guide du musée de Toyota à Nagoya.

12. Une chouette offerte par les étudiants d’un collège à Shirakawa que nous avons visité.

13. Deux photos de ma classe de japonais du semestre d’automne.

14. La brochure d’un temple (en béton!) à Hakodate que j’ai visité avec ma géniale famille d’accueil et mon compagnon de chambre chinois.

15. Le fascicule présentant Iejima, à Okinawa.

16. Deux shisas peints par moi à Murasakimura.

17. Des coquillages d’Okinawa.

18. Un billet pour un tour en bateau des îles de Matsushima.

19. Un boomerang australien. Ok, ce n’est peut-être pas le souvenir le plus original, mais il est très joli et facilement transportable.

20. Un numéro du Sky Mall. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est un magazine de vente par correspondance que l’on trouve sur certaines lignes aériennes américaines (celui-ci a été pris sur le vol Tokyo-Pékin, effectué par Delta). J’en fais la collection pour la simple et bonne raison que, si un jour mes petits-enfants me demanderont ce que « ultraconsumérisme » veut dire, je n’aurai qu’à leur montrer quelques pages du Sky Mall pour rendre toute explication superflue. Escalier dépliable pour qu’un chien âgé puisse grimper facilement sur un lit, motte de terre du Yankee Stadium avec certificat d’authenticité ou traqueur GPS à glisser dans le cartable son enfant, le magazine présente sur ses pages des centaines d’objets aussi superflus qu’ingénieux. C’est souvent hilarant et parfois un peu effrayant.

21. Une carte de Shanghai.

22. Un pass pour le métro de Séoul.

23. Le livre signé par le grand-père de Mimi, l’artiste.

24. Un purikura de Séoul et deux tickets (bus et train à crémaillère) de Hong Kong.

25. Mon pass journalier à Fuji Q.

26. Des sachets de thé offerts par la famille d’accueil à Nagano et mon badge nominatif pour la rencontre avec les collégiens.

27. Un bol (fort moche) fait à Nagano. J’ai mieux réussi ceux faits à Tokyo.

28. Une boîte de bonbons achetée juste avant d’embarquer dans le bus de nuit pour Shikoku. Inutile de me dire que les bonbons m’intéressaient bien moins que la boîte.

29. Deux origamis offerts avec les billets pour les tourbillons de Naruto.

30. Ce n’est pas un champignon, mais une tirelire en forme de boîte postale. C’est l’enseignante du cours du japonais du semestre de printemps qui me l’a offert.

31. Un Hello Kitty offert par Wan Wei en cours de « Strategy And Organization Of Firms » pour avoir bien répondu à une question lors de son exposé.

32. Un Totoro acheté au bien-nommé Kiddy Land à Harajuku – le magasin référence en matière de produits dérivés de la culture populaire japonaise. Jetez un regard dans ses yeux sans fond et vous comprendrez pourquoi je n’ai pas pu repartir du magasin sans m’en acheter un (et Guillaume sans en acquérir quatre – oh, bien sûr, la version officielle a été « c’est pour offrir… », mais qui cela dupe-t-il?)

33. Une plaquette en bois commémorative achetée au sommet du mont Fuji et un morceau de roche volcanique ramassé au même endroit.

34. Mes cadeaux d’anniversaire, offerts par Guillaume et Michael. Ca fait toujours plaisir d’être avec des personnes qui connaissent bien vos goûts.

35. Un graphique sur le « choc culturel » et le « choc culturel inverse » distribué à l’occasion de la séance de « préparation au départ » organisée par l’université. Comme on peut y voir, il y a une période difficile (doutes, craintes, peur d’avoir fait un mauvais choix, dépression, etc.) après l’arrivée au Japon et une autre après être rentré chez soi. Effectivement, je peux vous confirmer que j’ai eu une période d’incertitude pénible après mon arrivée au Japon; elle a duré environ trente minutes mais je vous avoue que je fus quelque peu soulagé par la meilleure année de ma vie qui a immédiatement suivi. On verra ce qu’il en sera pour le retour à la maison.

36. La dernière page du fascicule distribué lors de cette séance. Je ne sais pas ce qui l’a causé – le texte, peut-être, ou le « Tadaima!« , ou l’image de l’ourson-mascotte de Waseda qui, d’habitude sévère, s’incline avec un sourire bienveillant – mais une poussière m’est rentrée dans l’oeil pile au moment de lire ces lignes et j’ai dû baisser ma tête pour que mes compagnons de table ne la remarquent pas.

37. La couverture de mon certificat de fin d’études à Waseda.

Et voilà. Une année de sa vie qui pourrait tenir dans une four et un Tupperware, ça a de quoi faire réfléchir. Mais derrière chacun de ces objets, il y a des histoires et des rencontres – et celles-ci, heureusement, ne pourront jamais être contenues dans quoi que ce soit, sinon la mémoire.

Une Réponse to “Se souvenir… des objets”

  1. Carine Says:

    Joli Totoro.
    Je confirme pour la légère dépression au retour d’une année d’études à l’étranger. Pendant plus de six mois, je ne parlais que de la Suède. J’ai failli repartir travailler là-bas. Après trois ans en Angleterre, j’ai aussi eu de mal à me réadapter à la vie Française.
    Je te souhaite un bon retour et de bonnes retrouvailles avec ta famille et tes amis.
    Merci beaucoup pour m’avoir fait découvrir un peu le Japon. Je suis un peu triste que ce blog s’arrête, mais c’est la vie. Peut-être en commenceras-tu un autre si tu pars vivre dans un autre pays ? 🙂
    Bonne chance.

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